Activisme des jeunes à la COP15 – Entretien avec Marco Monteros
La COP 15 étant bien avancée, nous voulions entendre les voix des personnes présentes.
Nous avons contacté Marco de l'Équateur qui est à Montréal avec une délégation de jeunes militants. Et quelle meilleure façon de se concentrer sur l'avenir, qu'en parlant de ceux qui, selon nous, ouvriront la voie.
Marco est un chercheur équatorien spécialisé dans la famille des orchidées. Il a décrit plusieurs nouvelles espèces d'orchidées d'Équateur, avec un accent particulier sur les orchidées endémiques des forêts tropicales des Andes équatoriennes. Il est membre du conseil d'administration de Fondation EcoMinga et Réserve : The Youth Land Trust membre du conseil et collabore avec des organisations locales pour développer des actions de protection dans les zones menacées du hotspot de biodiversité des Andes tropicales équatoriennes.
Alors allons-y, lisez la suite de notre Q&A avec Marco :
L'activisme dirigé par les jeunes est une partie visible de la COP15, pourquoi est-ce important à ce stade de la conversation ? Est-ce symbolique ou cela va-t-il changer les choses ?
C'est important parce que nous pouvons contribuer dans tous les domaines et nous le faisons déjà. Dans différentes parties du monde, de nombreux jeunes dirigent des projets de conservation et de développement et les résultats sont examinés. J'espère que les jeunes avec toutes nos idées et le travail que nous faisons pourront contribuer et changer les choses, cependant, nous devons nous rappeler que les décisions finales ne sont pas prises par nous. La chose que nous pouvons faire est de continuer à travailler à partir des différents endroits où nous nous trouvons, c'est notre révolution.
Les jeunes autochtones sont-ils très impliqués dans les conversations de la COP15 ? Qu'espèrent-ils réaliser ? Qu'avez-vous ressenti lorsque le discours de Justin Trudeau a été interrompu par de jeunes militants autochtones de la côte ouest du Canada ?
Les peuples autochtones ont, sont et seront toujours en résistance, ils cherchent à être entendus et à faire partie de la prise de décision et des actions. Ils veulent également que leurs droits et leurs territoires soient respectés, de nombreux peuples autochtones conservent une grande partie de leurs territoires et cherchent du soutien pour continuer à le faire.
L'interruption des jeunes militants autochtones de la côte ouest du Canada lors de la cérémonie d'inauguration reflète le besoin des peuples autochtones d'être entendus et de dire « nous sommes ici, nous avons toujours été ici et nous continuerons d'être ». Une partie de moi s'est sentie inquiète cependant que ce besoin d'être entendu reflète le fait que nous ne reconnaissons toujours pas la valeur que les peuples autochtones ont vraiment.
Les peuples autochtones ont le seul bilan décent en matière de maintien de la forêt tropicale. Pourquoi n'est-ce pas une base plus importante pour les discussions à la COP15 ?
Je pense que la façon de gérer et de profiter des ressources de la forêt tropicale dont disposent les peuples autochtones est basée sur la compensation de leurs besoins et non sur l'accumulation de richesse ou de capital. Cependant, les discussions sont généralement basées sur des "entreprises" qui cherchent à poursuivre un modèle de développement dans lequel notre façon de tirer parti de ces ressources naturelles est de les exploiter, c'est la réalité et quelque chose que nous faisons depuis longtemps . C'est pourquoi nous poursuivons ces négociations et avons les mêmes problèmes avec lesquels nous avons commencé au Sommet de la Terre, à côté d'encore plus.
Tant que nous continuons à négocier et à analyser quelle économie peut être la moins affectée par les décisions qui vont être prises pour « sauver notre planète », nous ne pouvons pas faire un vrai changement. Cela semble illogique, mais c'est comme ça que je le vois et je pense que la plupart des jeunes qui participent à la COP le font aussi. Notre planète a déjà trop perdu, je pense qu'il est juste que nous perdions un peu aussi.
Le mois dernier, le monde s'est réuni en Égypte pour lutter contre le changement climatique. Aujourd'hui, nous sommes au Canada et parlons de biodiversité. Ces questions sont intrinsèquement liées, comme nous le savons tous. Pourquoi travailler en silo ? Quand réalisons-nous que les efforts doivent être plus importants, mais aussi complètement inclusifs et collaboratifs ? En tant que jeune activiste, avez-vous beaucoup d'espoir là-dessus ?
Travailler dans la conservation nous oblige d'une manière ou d'une autre à avoir de l'espoir, ces espoirs sont soutenus dans les différentes actions qui sont entreprises dans toutes les parties du monde. On ne peut pas dire que rien n'a été fait, j'ai eu l'occasion de parler et d'apprendre sur le travail qui se fait dans différentes parties du monde, mais ce n'est pas suffisant, nous pourrions faire plus.
Nous devons travailler ensemble, renforcer les engagements, les compétences, être plus inclusifs et participatifs. Une chose particulièrement importante est que nous devons considérer et prendre en compte les besoins, les réalités et les opportunités des différentes régions, pays, peuples et secteurs afin d'agir. Nous ne pouvons pas proposer des solutions qui ne peuvent être exécutées que dans certaines parties du monde. Les besoins et les possibilités du Canada ne sont pas les mêmes que ceux de l'Équateur, par exemple.
Le changement climatique et la perte de biodiversité sont certainement plus que liés, leurs intérêts et leurs actions doivent avoir la même importance. Nous ne pouvons pas lutter contre le changement climatique si nous perdons des milliers d'espèces et d'écosystèmes année après année. Cela nous dirige simplement vers un avenir qui n'est pas agréable pour la vie sur la planète. C'est une triste réalité que les êtres humains sont habitués à ne prendre des mesures réelles qu'une fois qu'il n'y a plus de temps, espérons que cela n'arrive pas maintenant. Enfin, les promesses et les défis ne tombent pas seulement entre les mains des décideurs ou des négociateurs, nous tous qui vivons sur cette planète pouvons et devons agir, nous ne pouvons pas continuer à être seulement des observateurs de ce qui se passe.